Exceptionnel bureau Mazarin en  marqueterie d’écaille de tortue, étain et laiton d’époque dernier tiers du XVIII° siècle, circa 1670 – 1680

Un rare bureau Mazarin de milieu à la marqueterie « Boulle » en laiton, écaille de tortue et étain finement gravé.

Il présente la riche et somptueuse composition d’un harmonieux jeu d’entrelacs, fleurons, vrilles, vases fleuris et lambrequins.

La façade plane est composée de sept tiroirs, deux caissons et d’un portillon central à retrait.

Il pose sur huit pieds gaine marquetés, sommés d’un chapiteau ionique et terminés par des petites toupies en laiton et bois noirci. Ils sont réunis quatre par quatre à deux entretoises en ixes ajourées d’un ovale en leur centre.

Le revers en amarante présente une marqueterie à la même finesse de motifs. Ce décor discret, permet à ce bureau d’être aussi présenté « de milieu », ayant la même fonction visiteur que le futur bureau plat.

Caractéristiques des parties marquetées :
– Le plateau, ceint d’une bordure en ébène, est entièrement marqueté : rinceaux, bouquets fleuris en écoinçons, acanthes, vrilles
– Les tiroirs des caissons : le tiroir supérieur ainsi que le tiroir inférieur offrent une marqueterie identique alors que celle du tiroir intermédiaire diffère en composition. L’absence d’entrées de serrure n’interrompt pas le savant décor de la marqueterie
– Tous les chants de la structure du bâti sont marquetés.
– Le vantail du portillon central : il propose une variante de décor, introduisant le lambrequin sommé d’un vase fleuri
– Les parties latérales : une composition symétrique d’acanthes dans un entourage de fleurs, de rinceaux feuillagés et d’arabesques.

Travail parisien d’époque dernier tiers du XVII° siècle, circa 1670 – 1680

Restaurations d’usage
Remise en état
Vernis au tampon

Dimensions :
– Hauteur : 80,5 cm
– Largeur : 116 cm
– Profondeur : 68 cm

Matériaux :

  • Ecaille de tortue caret
  • Laiton
  • Etain
  • Ebène
  • Bois de poirier noirci
  • Les tiroirs en bois de noyer
  • Le plateau en bois de chêne
  • Les parties latérales en résineux
  • Amarante

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Annexes

Technique d’origine italienne et perfectionnée en Allemagne et aux Pays-Bas, la marqueterie devient très rapidement une spécialité parisienne dès la fin du XVII° siècle avec la maîtrise de cet art développé par les plus grands ébénistes de cette époque tels André-Charles BOULLE, Alexandre-Jean OPPENORDT ou encore Jean BERAIN lors de commandes royales ou aristocratiques. A-C BOULLE développa cette technique avec l’utilisation de fines plaques découpées d’écaille de tortue, de laiton, formant une première partie et une contrepartie. Jean BERAIN remis à la mode le décor « aux grotesques » inspiré de la redécouverte, à la Renaissance, de la Domus Aurea de NERON, à Rome, où les fresques encore fraîches représentaient un style nouveau de décoration plein de fantaisie.

Quant au bureau Mazarin, il apparaît pour la première fois en 1671 lors de la fourniture pour le Roi d’un bureau exécuté par Pierre GOLE et vendu 3 780 livres. En effet, et comme le précise Th.H. LUNSINGH SCHEURLEER dans son ouvrage de référence sur Pierre GOLE, « Le 4 janvier 1671, le Journal du Garde-meuble de la Couronne accuse réception du bureau en cabinet à trois tiroirs et fait suivre une courte description qui fait apparaître clairement qu’il s’agit d’un genre de meuble complètement nouveau, dénommé à tort depuis le début du XXe siècle « Bureau Mazarin ».

Ce modèle de bureau à huit pieds apparait donc « officiellement » une dizaine d’années après la mort de Mazarin.

Destiné à une riche clientèle, il se présente initialement comme une table à écrire marquetée aux influences flamandes et munie d’un cabinet bas à sept tiroirs et portillon pouvant serrer les documents, le dessus est débordant au chant plat, la façade est plane, les pieds en gaine ou tournés en fuseau. Les plus anciens bureaux Mazarin sont de petite taille, soit environ de 110 cm et en placage de bois fruitier. Les modèles plus récents du premier tiers du XVIII° siècle sont plus importants. Ils présentent des pieds en console ou en cariatides, ou en contreforts d’angle en console inversées.

Les marqueteries à trois composantes, comme notre bureau en laiton, écaille de tortue caret teintée et étain sont très rares. Les plaques découpées pièce par pièce sont épaisses. La précision de leur assemblage requiert une très grande maîtrise.

Référence bibliographique :

– « Pierre Gole, ébéniste de Louis XIV», Th. H. LUSINGH SCHEURLEER ; Editions Faton, Dijon 2005, p. 184 et suivantes.