COMMODE LYONNAISE

Noyer mouluré et sculpté

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Une rare commode lyonnaise d’époque Louis XV

La commode est une pièce majeure dans l’organisation d’un décor.
Elle est l’âme du lieu de vie, le reflet du goût et de la sensibilité de son possesseur.
Quel que soit son style elle en sera sa représentation aboutie, et révèlera une qualité muséale.

Alors, vivre en sa compagnie sera un privilège et un plaisir continuellement renouvelé.

C’est pour son « esprit », son élégance et sa bienfacture que nous présentons notre rare commode lyonnaise d’époque du milieu du XVIII° siècle de style Louis XV.

Une parfaite représentation des arts décoratifs lyonnais de cette l’époque.

Par son admirable décor, la qualité de sa réalisation, notre commode lyonnaise est une pièce unique, de commande d’un exigeant commanditaire.

Nous avions présenté une commode provenant très certainement de cet atelier lyonnais, mais de dimensions plus imposantes. Cette pièce, de même esprit, est une commode bourgeoise de ville. Outre le soin apporté, et « la main » de ce maître menuisier ébéniste, son charme est indéniable.

La mise en valeur de motifs cordiformes sculptés ainsi que le dessin de l’entrée de serrure en bronze, ont du être choisis pour honorer une union, à la façon de certains mobiliers bressans ou provençaux.

Nous retrouvons tout l’art, la sensibilité du créateur, qui pérennisera et distinguera son œuvre des artisans lyonnais de cette époque. Nous aimerions connaître cet atelier.

Composition et organisation du décor :

1 – Réalisée dans un bois choisi, de noyer blond et dense, galbée en plan et en élévation, elle ouvre à trois importants tiroirs de long à la stylistique symétrique.

2 – Toute la composition aboutie du décor est finement et délicatement sculptée, la mouluration est grasse, profonde et bien, déliée.

3 – Un cartouche central présente un motif cordiforme. Il est entouré de « C » feuillagés et de motifs involutés. De part et d’autre, deux longues réserves moulurées à surface en aplat. Ces réserves reçoivent les poignées de tirage fixes. Aux extrémités, beau décor de la grammaire stylistique lyonnaise représentative de ce mobilier.

4 – Cet ensemble de la façade sculptée des tiroirs apporte un rythme et une harmonie visuelle entre lignes droites et lignes très contournées. Sculptures denses et aplat des réserves centrés par le décor principal du cartouche.

5 – Les montants antérieurs présentent un important bossage au mitan avec large coquille et motifs feuillagés, accentuant le galbe à hauteur du tiroir central, et sculptés sur leur longueur. Ils se terminent par des petits pieds d’équin.

6 – Le tablier inscrit le cul de lampe à large coquille d’où s’échappent des rinceaux qui courent sur une partie de la traverse qui est légèrement mouvementée. Une petite moulure termine et parcourt le bas de l’ensemble de la ceinture enserrant même la cambrure des pieds. Quelle délicate harmonie !

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Remarquons alors que dans le style constitutif de la construction de la commode lyonnaise, la commode que nous présentons peut-être répertoriée comme mémorable.
Pourquoi ?
En recherchant dans les collections privées ou les musées, que trouvons-nous 
?

a/ La commode tombeau du Musée Historique de Lyon, modèle très simple, disons, une oeuvre mineure.

b/ Une autre commode galbée, mais qui hésite entre l’architecture orthoédrique et celle en tombeau. Un essai « Transition » qui n’apporte aucun fondement stylistique à ce mobilier, mais plutôt confusion et lourdeur. Elle n’en n’est pas moins une belle commode que l’on peut voir au musée des Beaux-Arts de Lyon.

c/ La commode lyonnaise la plus intéressante serait celle de la collection de l’ancien antiquaire Thierry Morin, réputé à l’époque pour présenter les plus belles pièces de Lyon. Elle parait dans « Le Mobilier Lyonnais », Editions Massin. Par son importante largeur, elle présente une délinéation moins affirmée que la nôtre, mais on peut lui attribuer la même paternité.

d/Pour toutes les autres commodes lyonnaises, une traditionnelle structure massive, rigide et statique constitutive de leur architecture orthoédrique, c’est-à-dire le parallélépipède régulier à angles droits. De leur peu d’intérêt harmonique, on pourra parler d’un mobilier imposant trouvant sa place dans les vastes pièces des demeures lyonnaises. En revanche, nous avions présenté précédemment deux très belles commodes droites en arbalète très richement sculptées.

e/Avec notre commode, nous assistons à l’aboutissement des très rares commodes lyonnaises galbées d’époque Louis XV. Un charmant mobilier, très certainement l’œuvre d’un maître menuisier ébéniste lyonnais d’une grande sensibilité artistique associée à une parfaite maîtrise technique.

Il serait intéressant d’avoir une réflexion approfondie sur l’œuvre de ce Maître qui porta ce meuble de ville d’une grande recherche dans l’art du mobilier lyonnais du milieu du XVIII° siècle.

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Spécificités :

– Le plateau, à deux ais et écoinçons, présente une recherche très intéressante par « l’élégie » des parties latérales à la manière de certaines commodes arlésiennes. Un mouvement légèrement galbé qui s’élargit, s’évase en partie postérieure. Ce mouvement s’associe parfaitement à la dynamique structurelle du volume du meuble.

– Pour satisfaire la curiosité de l’amateur, nous lui conseillons de porter son attention sur la composition du dessin des sculptures.

Petits détails du soin apporté :
.  Le dos, en bois de noyer dont les traverses verticales sont légèrement chanfreinées,
. Techniquement, on peut noter le double chevillage d’assemblage,
. Le panneautage des parties latérales finement mouluré,
. Les poignées de tirage non conventionnelles du travail lyonnais (parviendraient-elles de la capitale, comme bien souvent celles du très beau mobilier provençal),
. Les entrées de serrure en bronze sont d’origine, créées pour ce meuble ?

Etat de conservation exceptionnel :
– Aucune enture. Très petites restaurations d’usage sur les extrémités au contact du sol.
– Très beau plateau (pas de brûlure à la surface)

Rares sont les commodes lyonnaises de cette époque dignes d’un grand intérêt ; trop souvent d’un aspect massif, au noyer commun et au vocabulaire stylistique aride.

Il serait intéressant d’avoir une réflexion approfondie sur l’œuvre du menuisier ébéniste qui porta ce meuble bourgeois d’une grande recherche dans l’art du mobilier lyonnais du milieu du XVIII°.